Laurie Druelle
Laurie Druelle est chargée de projet pour l’organisation de solidarité internationale Humanité & Inclusion – Handicap International. De Londres, elle s’occupe du financement des projets touchant dix-sept pays où les mines antipersonnel font encore des victimes.
Bilingue anglais-français, Laurie est titulaire d’un baccalauréat en science politique de l’Université de Montréal et d’une maîtrise en conflits, sécurité et développement du King’s College London. La qualité de la formation qu’elle a reçue à l’Université de Montréal a été déterminante tant pour son parcours universitaire que pour sa carrière.
À l’Université de Montréal, les enseignements de la professeure Marie-Joëlle Zahar, spécialisée en sécurité internationale, l’ont particulièrement marquée. «C’était un peu l’idole de notre groupe. Nous étions très impressionné.e.s par elle.»
Durant son baccalauréat, Laurie fait un stage de trois mois auprès d’une agence onusienne en Palestine. Tous les matins, elle traverse le quartier juif de Mea She’arim pour se rendre aux bureaux à Beit Hanina, quartier palestien à Jérusalem-Est. Le contact de cette mosaïque de cultures la décide à entreprendre une carrière à l’international.
Après sa maîtrise à King’s College London, Laurie entame l’aventure la plus exigeante de sa vie. Elle part en Somalie, embauchée par des organisations européennes qui aident les réfugiés et participent à des opérations de déminage. Après la Somalie, Laurie travaille en Angola, au Sri Lanka, au Kosovo et dans la région du Haut-Karabagh.
Sur le terrain, Laurie affronte des défis particuliers dont celui d’adapter son style vestimentaire pour respecter les normes du pays d’accueil. Tout comme sa gestuelle et sa façon de s’exprimer. Vivant dans une enceinte sécurisée, sa vie sociale est fort limitée. Mais d’un point de vue professionnel, l’expérience est enrichissante, ponctuée par l’inspection des champs de mines, la découverte des communautés voisines et la rédaction de nombreuses études de cas.
Le travail acharné mène au succès. Laurie conseille aux étudiant.e.s qui aspirent à une carrière internationale de garder trois mots en tête: motivation, détermination et effort. Pour trouver le bon emploi, chaque lettre de présentation doit être personnalisée. La qualité importe plus que la quantité. Laurie souligne également l’importance d’apprendre des langues étrangères et d’entretenir des relations professionnelles sincères. C’est la clé d’un réseautage réussi.
Conseils d’une expatriée
Comment s’adapte-t-on au «chaos» du monde ?
Il faut savoir rire, même dans les moments les plus dramatiques. Sous pression, il faut avoir du mordant et pouvoir lâcher prise.
Quel est le secret pour garder sa motivation ?
Avoir une vie équilibrée et s’entourer de gens qui ne travaillent pas nécessairement dans le même milieu, pour nous ramener à la réalité et éviter qu’on se perde en route.
Sujet de conversation brise-glace ?
Lors d’une activité de réseautage, il suffit d’être soi-même. Sinon, avoir de l’empathie et faire preuve d’ouverture à l’autre. La clé, c’est de comprendre d’où viennent les gens, de comprendre leur histoire.
Une découverte culinaire ?
La cuisine éthiopienne.
Lieu à découvrir ?
Le Sahel.
Rêve de bonheur en politique internationale ?
Malheureusement, les projets humanitaires et les projets de développement sont constamment à la recherche de fonds, au risque de perdre leur âme. Les décideurs politiques doivent penser aux communautés qui sont dans le besoin et se rappeler que leur mandat premier consiste à les aider.
Héros/héroïnes historiques ?
Quand j’étais plus jeune, les héroïnes étaient méconnues. Heureusement, ça change et on se rend compte aujourd’hui que beaucoup de femmes ont eu un énorme impact sur leur société. Comme la plupart d’entre nous, j’ai été impressionnée par les grands – Churchill, Thatcher, de Gaulle. Mais les vrais mentors viennent vers nous, dans la vie de tous les jours, sans qu’on le sache. Et après coup, trente ans plus tard, on se dira que ce serait une bonne chose de leur ressembler.
Mode intellectuelle à bannir ?
La peur de l’étranger ou penser que l’autre est forcément méchant parce qu’on ne le connaît pas ou on ne le comprend pas. La différence n’est pas nécessairement un défaut, loin de là.