Conférence « Théorie des décapitations jihadistes », par Marek Brzezinski
Pourquoi certaines organisations jihadistes pratiquent-elles la décapitation alors que d'autres ne le font pas ? Bien que les décapitations soient devenues une tactique caractéristique du mouvement jihadiste mondial contemporain, je montre que la plupart des groupes jihadistes ne commettent que peu voire aucune décapitation, et que seule une minorité d’entre eux adopte les décapitations comme une partie intégrante de leur répertoire de violence. Cette variation existe même parmi des groupes "sala-jihadistes", idéologiquement similaires, ce qui suggère que l'idéologie seule ne peut pas expliquer les décapitations. Je soutiens plutôt que le recours aux décapitations est principalement déterminé par le contexte stratégique de l'insurrection. Les jihadistes recourent aux décapitations principalement pour décourager la défection des civils, démoraliser les combattants ennemis et attirer des recrues étrangères engagées sur le plan idéologique. Cependant, cette violence est également coûteuse, notamment en raison de sa tendance à aliéner les potentiels partisans civils. Le fait que des groupes jihadistes particuliers recourent ou non aux décapitations dépend en grande partie du fait qu'ils peuvent se permettre d'ignorer ces coûts. Les jihadistes qui contrôlent un territoire important sont moins sensibles aux attitudes des civils en raison de leur capacité à obtenir un soutien par la coercition, et sont donc plus susceptibles de perpétrer des décapitations. Les groupes qui s'engagent dans le recrutement à grande échelle de combattants étrangers sont plus susceptibles de calculer que les avantages du recours à la violence extrême pour attirer des recrues idéologiquement engagées l'emportent sur ses coûts. La théorie est testée à l'aide d'un ensemble de données original de plus de 1500 décapitations perpétrées par des organisations jihadistes entre 1998 et 2019.
ID de réunion : 822 8424 7163
Code secret : 805628
En présentiel :
Salle Michel Fortmann - 3744 rue Jean-Brillant, 5e étage, 530-1, H3T 1P1 Montréal.
Organisé par le CEPSI.
DATE : mardi 1er février 2022, 11h45-13h